Il est temps de parler du travail des enfants

Le nombre d'enfants astreints au travail a atteint 160 millions dans le monde. Cela correspond à une augmentation de 8,4 millions d'enfants au cours des quatre dernières années. Neuf millions d'enfants supplémentaires risquent d'être contraints à travailler d'ici fin 2022 en raison de la pandémie. Les pertes d'emplois et de revenus, les fermetures d'écoles, l'absence d'une protection sociale adéquate et l'absence de priorité accordée aux droits de l'enfant ont eu pour conséquence que les enfants qui travaillent déjà, notamment dans l'agriculture rurale, le font dans des conditions de plus en plus difficiles.

Le travail des enfants est un problème systémique, profondément enraciné
Il ne fait aucun doute que le travail des enfants est le fléau silencieux de notre économie mondiale et le produit d'un écosystème commercial mondial injuste. Et le travail des enfants est assurément le résultat de problèmes systémiques profondément enracinés, notamment la pauvreté endémique. Mais alors que Fairtrade continue de poser les bases de la lutte contre les inégalités économiques, la sombre réalité est que la pandémie de COVID-19, le changement climatique et la hausse de l'inflation menacent de plus en plus les moyens de subsistance des petits exploitants.

Pour les petits exploitants, joindre les deux bouts est un combat quotidien
Beaucoup de ces exploitants ont aujourd'hui atteint la limite de leurs capacités. Et l'instabilité économique qui s'ajoute aux communautés déjà fragiles signifie que davantage d'enfants pourraient être contraints de travailler d'ici fin 2022. Aucun parent ne souhaite que son enfant travaille au lieu d'aller à l'école. Mais la réalité de la lutte quotidienne pour joindre les deux bouts est dure, surtout pour les petits exploitants. Ce sont les communautés pour lesquelles Fairtrade s'engage. Nous ne pouvons toutefois pas y arriver seuls. Car le fait est qu'aucune organisation ou initiative ne peut à elle seule mettre fin au travail des enfants.

Un avenir équitable pour tous
Si nous prenons au sérieux l'abolition du travail des enfants, chaque maillon de la chaîne d'approvisionnement – des consommateurs aux commerçants, en passant par le commerce de détail et les coopératives – doit apporter sa contribution. 

• Les commerçants et les acheteurs doivent payer des prix plus élevés qui garantissent un revenu de subsistance.
• Le commerce de détail, les commerçants et les acheteurs de café, de cacao, de bananes et d'autres matières premières doivent faire davantage pour aider les petits exploitants à moderniser leurs exploitations et à s'adapter au changement climatique, y compris sur le plan financier. 
• Les consommateurs doivent stimuler la demande de produits équitables afin que les coopératives puissent augmenter leurs ventes de produits Fairtrade et en faire bénéficier leurs agriculteurs et leurs travailleurs.
• Les gouvernements doivent prendre des mesures législatives concernant la protection des jeunes et des mineurs, afin de garantir leurs droits, de construire des établissements d'enseignement adéquats pour eux et leurs communautés.
• Et les organisations comme Fairtrade doivent accélérer leurs efforts pour abolir le travail des enfants sur le terrain et intensifier leur travail pour remédier aux injustices profondes qui touchent les petits agriculteurs et les travailleurs.

Il est temps de parler du travail des enfants et d'inviter tous les acteurs à agir et à prendre des mesures. Car ce n'est qu'en travaillant ensemble à un avenir sans travail des enfants que nous pourrons garantir un avenir qui soit vraiment juste pour tous.